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"Carthago delenda est - Ceterum censeo Carthaginem esse delendam"

martes, 4 de junio de 2013

Ville hybride : vers une nouvelle sociabilité physico-numérique



Par Pablo Sánchez Chillón 
Urbaniste, avocat, directeur du cabinet Eolexcitylab.com
Dans une société où la technologie prend toujours plus de place, où nous nous déplaçons hyper-connectés, le nez sur nos écrans, Pablo Sánchez Chillón met en garde contre la fuite de la ville physique et les comportements de "zombies numériques". Il faut selon lui créer une nouvelle sociabilité numérique, portée par des "digizens".  

dcdcity.com - @trecedejunio

La fuite de la ville physique

La popularisation et la généralisation de l'usage de la technologie, l'utilisation des smartphones et tablettes numériques comme outils de communication augmentée ont eu pour conséquence que toute une génération  d'urbains s'en est allée vivre dans les réseaux sociaux, au détriment de la ville physique habitée, à laquelle elle ne prête plus attention.  
Nous avons assisté à la naissance d'une génération de citoyens hyper-actifs sur les réseaux sociaux, mais complètement passifs, voire même apathiques, avec leur entourage physique ou territorial. Ces urbains partagent une tendance à la suffisance et à l'égocentrisme, attendant plus de la technologie que de la relation aux autres. Cette génération pose un défi pour le vivre ensemble dans la ville, ce que Sherry Tukle a identifié comme vivre "alone-together" (seul-ensemble)

Nous avons ainsi assisté à la naissance d'une ville hybride, née des réseaux sociaux et de l'hyper-réalité que nous percevons à travers nos dispositifs intelligents, générant de profondes transformations systémiques qui changeront pour toujours nos modes de relations interpersonnelles, notre perception et notre lien au territoire et à la ville dans laquelle nous habitons. Aux indéniables vertus de la technologie, il faut opposer une part d'ombre et d'incertitude quant à la réussite d'un idéal de ville (toujours perfectible) vue comme un écosystème citoyen dans lequel chacun coopère vers des objectifs communs. Celui-ci  est remplacé par un "égo-système", caractérisé par l'action isolée de "zombies" technologiques, se déplaçant librement dans les réseaux sociaux, mais errant, atones, dans l'espace physique d'une ville qu'ils considèrent comme un fond gris, en contraste avec l'hyper-réalité colorée que leur renvoie l'activité dans les espaces digitaux. 

Nouvelle sociabilité numérique et "digizens"

Cette nouvelle société numérique et l'émergence d'une classe urbaine de "super héros sociaux" - comptant des milliers d'amis Facebook ou de followers sur Twitter - correspond à la volonté individuelle décroissante d'interagir avec des inconnus et avec l'environnement réel dans la ville, enrichissant l'altérité virtuelle, au détriment des relations traditionnelles dans les espaces physiques de la ville, d'autant plus dans des villes encore organisées et pensées selon des plans définis au XIXème siècle, désormais obsolètes.

Le véritable défi pour nos villes et leurs dirigeants passe par l'activation de cette citoyenneté hyper-connectée, en tirant profit du meilleur de cette culture on-line émergente (créative, généreuse, participative, curieuse jusqu'à l'excès), en réveillant les sentiments de fierté, d'appartenance et de prise de responsabilité d'une nouvelle génération de "Digizens", nouveaux citoyens digitaux. Une génération qui agit déjà sur plusieurs plans et dimensions de notre société, particulièrement dans le champ de l'urbanisme et de l'innovation sociale, comme par exemple Data Citizen Driven City Project à Madrid dont le but est de créer un réseau de partage de données par et pour les citoyens, afin de responsabiliser et impliquer les habitants dans la gestion de la ville. Aux Etats-Unis, la plateforme MindMixer permet aux utilisateurs de s'engager "en ligne" à participer à des actions citoyennes "hors ligne", menées par des associations ou des groupes informels.

L'urbaniste, en tant que créateur et transformateur de la ville du 21ème siècle, doit se tourner vers le design et la création d'espaces (publics et privés) d'hybridation physico-numérique, polyvalents, dynamiques et réactifs avec les usagers, capables de transformer nos villes en lieux agréables et générateurs d'engagement, en mesure de renforcer les liens entre les habitants, les véritables possesseurs de l'intelligence collective. Nous sommes dans le temps de l'audace, de l'imagination, de l'ouverture et du hacking urbain.

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